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LA RESISTANCE NATIONALE-BOLCHEVIQUE
AU IIIéme REICH

Dans un précédent article, nous évoquions la Résistance nationale-bolchevique et nationale-révolutionnaire contre le IIIème Reich, une terre souvent méconnue, bien qu’elle ne soit pas inconnue des historiens qu’ils soient allemands ou francophones (1). Pourtant, de nombreux travaux existent qui permettent de retracer le combat en Allemagne même de ceux qui, issus de tous les horizons, refusèrent de s’incliner devant la bête hitlérienne. Au premier plan desquels nous retrouvons les Nationaux-bolcheviques et les Nationaux-révolutionnaires.


PROBLEMATIQUE DE LA RESISTANCE ALLEMANDE

La Résistance allemande contre le Nazisme, nous l’avons dit, est souvent méconnue. Elle est au centre d’un vaste débat en Allemagne même depuis cinq décennies, où les appréhensions et les a priori jouent un rôle de premier plan. Singulièrement, dans l’espace francophone, la Résistance allemande, sur laquelle il existe peu de sources francophones, est la grande parente pauvre de la recherche historique sur la deuxième guerre mondiale, quand elle n’est pas laminée par une démarche historique peu sérieuse où l’amateurisme le dispute à la mauvaise vulgarisation.

Au sein de cette recherche, le rôle des Nationaux-révolutionnaires et des Nationaux-bolcheviques allemands, qui furent dès 1932 les premiers à résister contre l’Hitlérisme et qui, comme nous le verrons, animèrent les tentatives les plus sérieuses et les plus efficaces de lutte contre le IIIème Reich, est la plupart du temps passé sous silence. Là aussi les raisons idéologiques prédominent.

En Allemagne de l’Est, dans l’ancienne RDA, la Résistance allemande fut au contraire exaltée pour des raisons idéologiques tout aussi évidentes, l’antifascisme étant l’un des piliers du régime national-communiste de Berlin.

Alors que l’on ignorait et que l’on taxait même parfois de trahison en RFA les militants nationaux-bolcheviques de l’« Orchestre Rouge », ceux- ci furent encensés en Allemagne de l’Est. Il en alla de même pour de nombreux résistants d’origine communiste.


LES VICTIMES DE HITLER TUEES UNE SECONDE FOIS !

Avec la disparition de la RDA, on assiste quasi officiellement à une tentative du régime bourgeois allemand de faire disparaître cet aspect de la Résistance. En Allemagne de l’Est, les monuments, les musées, le souvenir même de la Résistance antifasciste sont systématiquement depuis la réunification détruits, sournoisement éliminés (2).

La journaliste allemande Monika ZORN a consacré un livre au titre explicite à cette révision de l’Histoire : « Les victimes de Hitler tuées une seconde fois »(3). Elle y explique notamment que cette destruction du passé anti-fasciste allemand en RDA va également de pair avec une certaine forme de réhabilitation du militarisme allemand et partant du Nazisme, expliquant notamment le cas de gardiens SS des camps de concentration, qui, internés après la guerre par les Russes à Sachsenhausen et Büchenwald voient aujourd’hui leurs noms et leurs grades figurer sur des stèles de « victimes de la barbarie stalinienne »! « On dresse maintenant des stèles à leur mémoire, en temps que victimes de la barbarie stalinienne. Parfois même avec leur grade dans la SS ! C’est oublier que c’était des nazis qui y étaient enfermés ! » précise-t-elle (4). Elle dénonce aussi la planification de cette révision de l’histoire : « Au cours de nos recherches, nous avons été étonnés de cette « systématisation » dans tout le pays. On efface avec méthode la mémoire. Les petits sites commémoratifs sont purement et simplement fermés. Et dans les grands camps comme Buchenwald ou Sachsenhausen, on dénature les expositions qui existaient au temps des communistes »(5).

C’est là exactement la thématique révisionniste de l’extrême-droite partout en Europe et telle qu’on peut aussi l’entendre dans l’extrême-droite belge ou française.

Le récent débat autour d’une exposition consacrée aux crimes de guerre incontestables de la Wehrmacht pendant la dernière guerre (6) et la réaction des partis officiels allemands de droite est également significative du climat qui règne en Allemagne à ce sujet (7) (8).


DE L’OUBLI DE L’INSULTE...

Cette volonté d’oubli de la Résistance antifasciste en Allemagne va de pair avec sa minorisation dans l ’espace francophone. A quoi attribuer cette minorisation ou cette méconnaissance ?

Sans doute à l’absence de pratique par les historiens francophones des langues comme l’Anglais, l’Allemande ou l’Italien, qui sont les langues principales où on trouve des sources sur ces sujets.

Cela n’excuse rien ! Ainsi dans leur « Dictionnaire des fascismes et du Nazisme » (9), BERNSTEIN et MILZA (10) écrivent à propos de la Résistance allemande au Nazisme les propos scandaleux qui suivent : « le mot de Résistance (widerstand) ne fut utilisé en Allemagne que de manière minoritaire et en pleine lutte clandestine par le groupe de la Rose Blanche » (11). C’est évidemment totalement faux. Nous avons vu dans notre précédent article que d’ailleurs les Nationaux-bolcheviques regroupés autour d’Ernst NIEKISCH avaient animé jusqu’à leur arrestation et leur déportation en 1937 un mouvement de Résistance politique qui portait explicitement le nom de « WIDERSTAND » et cette éthique de Résistance fut partagée par de nombreux groupes Nationaux-bolcheviques, Nationaux-révolutionnaires et communistes.

BERSTEIN et MILZA précisent ensuite que « bien qu’il ait été repris après la guerre par analogie avec la Résistance française, le terme d’opposition conviendrait mieux puisqu’on ne retrouve pas dans la lutte allemande antinazie les caractéristiques essentielles de la Résistance européenne ( lutte armée, sabotage, maquis, réseau de renseignement ) » (12). Cela est tout aussi faux ! Certes, il n’y eut pas de maquis en Allemagne mais des opérations de sabotage eurent lieu dès le milieu des années 30 et jusqu’à la fin de la guerre. Une presse clandestine nombreuse, ramifiée, fut pratiquement diffusée jusqu’aux derniers jours de mai 1945.

Des réseaux de renseignements dont le plus célèbre fut l’ « Orchestre Rouge » animé à Berlin par les Nationaux-bolcheviques HARNACK et SCHULZE-BOYSEN figurent parmi les opérations de renseignement les plus efficaces qui furent menées dans l’ensemble le l’Europe pendant la dernière guerre, comme nous le verrons plus avant.


CES 700.000 ALLEMANDS QUI ONT DEFIE HITLER

Ces historiens sont pourtant sans excuse puisqu’il existe une véritable encyclopédie de la Résistance allemande, le livre de Gérard SANDOZ : « Ces Allemands qui ont défié Hitler » (13), évoqué dans notre précédent article et qui n’est pas indulgent pour la RFA dans sa volonté d’occulter la résistance allemande : « Quant à la R.F.A., il faut bien admettre qu’elle fait un effort extraordinaire - c’est un euphémisme - pour faire connaître aux citoyens du pays les femmes et les hommes qui ne s’étaient pas résignés à la passivité face à l’horreur. A cet égard, il est sans doute significatif que le 20 juillet, date souvenir de l’attentat de von Stauffenberg, n’a pas fait l’objet d’une promotion « officielle ». Il est vrai que les idées de la « Révolution conservatrice », c’est-à-dire celles défendues par des acteurs importants de la conjuration, n’ont pas trouvé leur reflet dans la constitution de la R.F.A. qui s’inspire elle, des concepts de la démocratie libérale. Il n’empêche : aussi bien von Stauffenberg que Julius Leber, pour ne mentionner que ces deux hommes courageux, encore que très différents, auraient bien mérité une reconnaissance « officielle ». » SANDOZ remet clairement les choses à leurs places en ce qui concerne l’ampleur de la Résistance allemande sous le IIIème Reich que BERNSTEIN et MILZA dans leur méconnaissance scandaleuse qualifient de « non événement du XXème siècle ». Etudiant les archives de la Gestapo, la police spéciale politique créée pour détecter et mettre hors d’état de nuire les ennemis du régime, Gérard SANDOZ y découvre pour nous l’ampleur de la Résistance allemande et du prix payé par ses membres pour vivre dignement la tête haute .

« Etait-il possible de résister à ce monstre, à ce Léviathan des temps modernes ? La réponse tient en quelques chiffres significatifs puisés dans les archives de la redoutable Gestapo, organisme policier spécial créé pour détecter et « mettre hors d’état de nuire », selon ses propres termes, les ennemis du régime. Qu’y apprenons-nous ? Que de 1933 jusqu’au début de la guerre, en septembre 1939, plus de 220.000 Allemands, hommes et femmes, ont été condamnés à des peines de prison et de réclusion à l’occasion de procès politiques. Motif principal de l’accusation, selon les termes juridiques consacrés : « préparation d’actes de haute trahison ». La même Gestapo note, le 10 avril 1939, qu’à cette date se trouvent incarcérées plus de 11. 000 personnes condamnées pour des délits politiques, environ 27.000 hommes et femmes également des « politiques », dont le procès est en cours d’instruction, ainsi que plus de 160.000 personnes soumises à la Schutzhaft, c’est-à-dire arbitrairement internées dans des camps. Plus significatif encore : en 1941, en pleine guerre, la Gestapo arrête plus de 11.000 personnes accusées d’avoir déployé une activité socialiste ou communiste. Selon les documents du ministère de la Justice retrouvés après la guerre, ont été exécutés 5.684 hommes et femmes en 1943 et 5.764 en 1944, dont seulement un nombre infime pour des raisons non politiques. Pour la période allant du 22 août 1940 au 20 avril 1945 il y a des indications très précises concernant 1.056 personnes qui ont été exécutées dans la seule prison de Brandenburg : 498 avaient été condamnées pour « haute trahison », les autre, 558, pour avoir essayé de « miner le moral des armées ». De 1938 à 1945¸32.500 Allemands sont condamnés dans les camps. 300.000 Allemands condamnés pour des motifs politiques se trouvaient dans les camps de concentration à la déclaration de la guerre. C’est considérable, même en tenant compte du fait que de nombreux « suspects » ayant simplement proféré des propos « subversifs » ont dû prendre le chemin des camps et des prisons.

Il a été vérifié que, de 1933 jusqu’à la fin de la guerre, près de 700.000 Allemands sonta passés par les prisons et les camps de concentration. Au cours du seul premier semestre 1944, c’est-à-dire avant l’attentat du 20 juillet, 300 000 arrestations politiques ont eu lieu dans le Riche. Rappelons aussi que parmi les membres du Reichstag, le parlement allemand, qui furent assassinés, on trouve soixante-deux socialistes, cinquante-sept députés communistes et plusieurs députés d’autres formations. 700 000 Allemands : cela n’est pas négligeable...

Et les procès « réguliers », qu’en sait-on ? A-t-on jamais entendu parler en France des procès de Dresde, de Brême, de Hanovre, de Duisburg, de Wuppertal, de Hambourg, de Berlin et d’ailleurs où, tout au long du règne nazi, des milliers de « marxistes » et autres opposants ont été condamnés à des peines allant de trois à vingt ans de réclusion ? Sait-on que pendant toute cette période, y compris pendant les années de guerre, la Gestapo a constamment saisi des tonnes de tracts et de brochures où le barbare régime nazi était dénoncé en termes véhéments ? » (14).

Lorsque l’on voit donc le traitement officiel scandaleux que la Résistance allemande au Nazisme connaît en Allemagne même, Lorsqu’on découvre les lacunes de la recherche historique dans ce domaine dans le reste de l’Europe, on comprend mieux pourquoi les Nationaux- révolutionnaires et les nationaux-bolcheviques allemands qui résistèrent sous le IIIème Reich, le plus souvent avec une extrême efficacité sont aujourd’hui des inconnus pour le grand public.


EN ALLEMAGNE,
UN NOUVEAU REGARD
SUR LES ADVERSAIRES D’HITLER

En Allemagne même pourtant la recherche continue. Un livre vient d’ailleurs aux de leur être entièrement consacré aux Editions Harun Verlag par Klaus WOLFFSCHLAG sous le titre « Les adversaires de droite d’Hitler »(15).

Le titre est malheureux car des hommes comme Ernst JUNGER ou Ernst NIEKISCH et ses nombreux militants qui se sacrifièrent dans la lutte antinazie, où ils laissèrent des centaines de morts et de déportés, auraient été les premiers à contester leur situation d’« hommes de droite ». Nationaux-révolutionnaires, Nationaux-bolcheviques ou Nationaux-communistes, ils avaient depuis longtemps, à l’instar des HARNACK et SCHULZE-BOYSEN, dépassé les classifications politiques bourgeoises de droite et de gauche.

Le livre de WOLFFSCHLAG a néanmoins le mérite d’étudier clairement les rapports entre ce qu’une certaine école historique appelle la « Révolution conservatrice » et la Résistance antinazie. Le titre évidemment reflète les opinions politiques de l’auteur, collaborateur de l’hebdomadaire national-révolutionnaire « JUNGE FREIHEIT », l’un des organes principaux de ce qu’on appelle en Allemagne la « neue rechte ». WOLFSCHLAG analyse de nombreuses figures de l’opposition nationaliste aux nazis. Il les range en plusieurs catégories, notamment les Nationaux-révolutionnaires et les « liguistes » (bündisch) que nous avons déjà évoqués dans notre précédent article. WOLFSCHLAG, qui insiste comme nous venons de le faire, sur la nécessité de rouvrir et de réactualiser un véritable débat sur la Résistance allemande sous le IIIème Reich, plaide pour une historiographie nouvelle qui évite les systématisations globales, ignorant visiblement et malheureusement l’ouvrage de SANDOZ, exemple presque unique de probité intellectuelle, puisque tous les protagonistes de la Résistance allemande sous le IIIème Reich y sont unis dans un même souvenir, d’où qu’ils viennent, et dans un même hommage rendu à leur sacrifice incontestable.


L’ASPECT LE PLUS SPECTACULAIRE
DE LA RESISTANCE ALLEMANDE

L’aspect le plus spectaculaire de la Résistance allemande sous le IIIème Reich fut l’organisation durable de réseaux de Résistance qui portèrent des coups redoutables à la bête hitlérienne. Il est symptomatique que l’on retrouve à la tête de ces réseaux des Nationaux-révolutionnaires ou des Nationaux-bolcheviques qui menèrent parfois jusqu’à la fin de la guerre leur combat à l’intérieur même des structures militaires, économiques et administratives du Nazisme. Au premier plan de ces réseaux figure l’ « Organisation WIDERSTAND » d’ Ernst NIEKISCH entre 1933 et 1937, ce que les Allemands appellent l’ « Organisation HARNACK - SCHULZE-BOYSEN », c’est-à-dire la branche allemande du réseau connu sous le nom d’ « Orchestre Rouge », le groupe des conjurés du 20 juillet 1944, dont l’action débute, on l’ignore le plus souvent, dès 1937, et enfin, le plus méconnu de tous, le « groupe HIELSCHER », qui de 1933 à 1945 mena un travail de sape inlassable contre le National-socialisme à l’intérieur même de ses organes de direction.


LE RESEAU WIDERSTAND, 1932-1937

Nous avons vu dans notre article précédent que le premier des antifascistes allemands, l’ « adversaire le plus résolu d’Adolf Hitler », selon ses biographes, fut Ernst NIEKISCH, la figure de proue du National-bolchévisme allemand (16).

Jusqu’à son arrestation par la Gestapo en 1937, NIEKISCH aura une action publique d’opposition radicale au IIIème Reich, voyageant, rencontrant les adversaires du régime. NIEKISCH continuera à publier, c’est un exemple unique sous le IIIème Reich, de nombreux livres dans le cadre de sa maison d ’édition dénommée comme sa revue « WIDERSTAND ». Cette revue, jusqu’à son interdiction fin 1934, sera d’ailleurs l’un des organes d’opposition au nouveau régime les plus résolus, dans lequel s’exprimèrent avec un courage indéniable de nombreux écrivains Nationaux-révolutionnaires, notamment Friedrich-Georg JUNGER, le frère d’Ernst JUNGER.

A cette action publique, spectaculaire et courageuse s’ajoutait la constitution d’un réseau clandestin de Résistance sous le IIIème Reich, dont Gérard SANDOZ décrit l’action. « Voici Ernst NIEKISCH. Tout au long des années qui précèdent l’avènement du national-socialisme, cet écrivain connu est un des principaux doctrinaires de la « révolution nationale et sociale ». Son cercle, Widerstand (résistance) publie dès 1926 un journal du même nom. En 1933, quelques-uns des militants groupés autour de Niekisch s’associent au mouvement hitlérien. Mais d’autres, dont Niekisch lui-même, dénoncent le caractère « inhumain » du nazisme, dénoncent sa trahison à l’égard des objectifs socialistes pourtant hautement proclamés, et sont aussitôt arrêtés. D’autres réussissent à échapper aux persécutions et forment des groupes illégaux.

Ceux-ci sont constitués par des fonctionnaires et des intellectuels, des écrivains essentiellement, et parmi eux Bruno von Salomon et Bodo Uhse. A Nuremberg, qui devient le centre de l’activité de ce groupe, Niekisch forme avec Josef Drexel et Karl Tröger, comme lui vétérans du « national-bolchevisme », un réseau qui, tout en ayant des contacts avec des militants communistes de cette ville, conserve cependant intégralement son autonomie. Son journal illégal, Widerstand, sera diffusé dans plusieurs villes du Reich par près de six cents personnes (selon les estimations de la Gestapo).

En dépit de nombreuses arrestations effectuées par les policiers de Himmler, le groupe réussit à maintenir son activité jusqu’en 1937. La Gestapo procède alors à l’arrestation de soixante-dix membres du groupe Widerstand. Niekisch, Drexel et Tröger sont parmi eux. Niekisch, condamné à la prison à perpétuité, survivra, mais plusieurs de ses camarades enfermés dans les prisons hitlériennes et les camps de concentration trouveront la mort.

L’arrestation de Niekisch et de ses amis avait été précédée par le démantèlement presque total de l’organisation La Gestapo avait, à la suite de longues recherches, vérifié l’existence de réseaux du Widerstand non seulement en Bavière (75 arrestations dans cette région), mais également à Berlin, à Hambourg et à Dortmund. Deux cents personnes, indique alors la police secrète, ont été « mises hors d’état de nuire ». Dans toutes ces villes il y aura en 1937 des procès contre ces hommes qui se terminent tous par des condamnations à des peines de prison. Un inspecteur des services postaux, Horst Krummreich, membre actif du réseau, préfère se donner la mort plutôt que d’être obligé, sous la torture, de trahir des camarades.

Dans un ouvrage que l’administration de la ville de Nuremberg a récemment consacré à l’activité de ce groupe, on apprend que la plupart des militants animés par les idées de Niekisch « étaient des hommes issus de la bourgeoisie et dont quelques-uns ont eu des positions importantes dans l’industrie ». Ce qui est significatif dans l’activité de ces hommes : étant des « nationaux » et toujours soucieux de souligner leur appartenance à la « communauté allemande », ils n’hésitent pas, pourtant, à l’instar de certains conjurés du 20 juillet 1944, à nouer des relations avec l’étranger. Ainsi Niekisch se rendra-t-il plusieurs fois en Suisse, en France, aux Pays-Bas et en Italie pour y prendre contact avec les milieux de l’émigration allemande, amis également avec des représentants « officieux » de ces pays. C’est que, pour certains adhérents de ce courant « national », il devient de plus en plus évident que le régime que s’est donné leur pays ne pourrait être, finalement, vaincu que grâce à une intervention étrangère. Ainsi, Karl Tröger, avec Drexel et Niekisch, l’homme le plus actif de ce groupe, se rendra plusieurs fois illégalement en Tchécoslovaquie. Grâce à l’Abwehr, le service d’espionnage et de contre-espionnage, avec lequel il a noué des contacts, il obtient la possibilité de « sonder » les milieux gouvernementaux à Prague, Tröger prendra aussi sur lui de rapporter en Allemagne de nombreux journaux clandestins où le régime nazi est dénoncé comme « la honte du Xxe siècle ». Lorsque Tröger prendra aussi sur lui de rapporter en Allemagne de nombreux journaux clandestins où le régime nazi est dénoncé comme « la honte du Xxe siècle ». Lorsque Tröger paraît devant les juges nazis, le procureur détient la preuve que l’accusé a transporté et diffusé des milliers d’exemplaires de dix-sept journaux où « le Reich est calomnié de manière abominable ». » (17).


QUAND NIEKISCH ET SES MILITANTS
PORTAIENT LE « TRIANGLE ROUGE »

A partir de 1937 la répression va briser le réseau de NIEKISCH qui apparaît comme la première grande organisation de Résistance au Nazisme à l’intérieur même de l’Allemagne. Emprisonnés sans jugement comme c’était courant sous le IIIème Reich, NIEKISCH et ses amis ne seront jugés qu’en 1939 et condamnés par un jugement secret du tribunal populaire du 10 janvier 1939, qui organise la mort civile, la déportation et l’emprisonnement des principaux animateurs et militants du Réseau NIEKISCH, dont ses leaders NIEKISCH lui-même, Karl DREXEL et Karl TROGER. La famille de Niekisch, dont la femme Anna est-elle même emprisonnée et condamnée, sera recueillie et aidée par Ernst JUNGER.

La procédure secrète et l’application des jugements secrets, qui ne furent même pas portés à la connaissance de NIEKISCH, qui les connaîtra seulement après la guerre, montrent quel pouvait être l’espace de liberté dans le IIIème Reich, mais aussi la férocité de la répression. Les antifascistes de salon, qui aujourd’hui dénoncent le Nazisme alors que leurs prédécesseurs idéologiques n’ont pas eu ce courage, ont oublié ce que signifiait le Nazisme et n’ont pas la moindre idée de ce que signifiait vraiment le combat contre la bête hitlérienne.

Ce combat scandaleusement méconnu de NIEKISCH et de ses amis a pourtant laissé des témoins. Il existe notamment le livre de Joseph DREXEL, qui s’intitule « Voyage à Mauthausen. Le cercle de Résistance de Nuremberg », et qui a été publié en langue française à Paris en 1981, une première édition en langue allemande l’étant en 1966. Ce livre, qui contient le texte secret du jugement du tribunal « populaire » du 10 janvier 1939 contre NIEKISCH et ses amis, décrit l’attitude de « WIDERSTAND » à l’égard du Nazisme et l’activité oppositionnelle de NIEKISCH et de son réseau sous le IIIème Reich.


APRES LES NAZIS LES LIBERAUX :
QUAND LA RFA PERSECUTAIT NIEKISCH

Après la guerre, NIEKISCH sortira brisé, gravement handicapé et presqu’aveugle, des geôles nazies. Il participera à la naissance de la RDA et puis, déçu par certains des aspects du nouveau régime se retirera à Berlin Ouest dans une opposition hautaine au régime bourgeois de Bonn.

Tout le scandale de l’attitude de Bonn face à la Résistance allemande antinazie se reflète d’ailleurs dans le traitement inique dont Ernst NIEKISCH sera après la guerre victime de la part de la République fédérale allemande et qui n’honore guère ce régime. NIEKISCH devra en effet entamer contre les autorités de la RFA, qui prennent prétexte de ses sympathies pour l’Est une longue bataille juridique de 13 années pour obtenir que lui soit versée la pension de victime du Nazisme à laquelle il a droit. Cette procédure judiciaire obscurcira les dernières années de NIEKISCH, qui sera soutenu par DREXEL, devenu patron d’un empire de presse en Franconie (comprenant notamment les « NURENBERGER NACHRICHTEN »). En 1966, quelques mois avant sa mort, il faudra un intervention de la Commission européenne des Droits de l’Homme pour que NIEKISCH obtienne enfin 30.000 DM de réparation et la promesse d’un versement mensuel de 1.500 DM (19).

L’ Allemagne de l’Est, elle, sera moins avare de reconnaissance envers ceux qui ont combattu le Reich hitlérien. L’adjoint de NIEKISCH, DREXEL, sera ainsi fait docteur honoris causa de l’Université Humboldt de Berlin quelques jours avant sa mort en 1976 (20).

L’Allemagne fédérale, dans ce cas-ci comme dans bien d’autres, ne sort pas grandie de cette attitude envers la Résistance anti-nazie et la figure de NIEKISCH est là aussi emblématique.

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